Le rapport final !

Notre rapport final sur la place de la participation citoyenne dans la transition vers la « smart city » entreprise par Buenos Aires est à présent disponible ! Vous pouvez y retrouver toutes nos observations, nos interrogations sur le concept de « ville intelligente » et sur sa pertinence dans un territoire comme celui de Buenos Aires ainsi que nos conclusions.

Vous pouvez le télécharger en cliquant sur le lien suivant : rapport-delmas-et-zuliani-buenos-aires-2016.

Journal de bord #4 La ultima semana

Les récits que nous proposons dans ce journal de bord nous permettent de vous tenir au courant de l’avancement de notre projet et de vous faire découvrir la ville de Buenos Aires à travers nos propres observations et impressions. Ce quatrième et dernier relate la façon dont nous avons profité de notre dernière semaine en commun à Buenos Aires. Bonne découverte!

 

Lundi 25/07 – Dernier lundi, EQUIDAD et self-cantines

Au lendemain de notre soirée tout en musique au Centro Atletico Fernandez Fierro, le réveil est un peu dur. A l’aube de notre dernière semaine en commun à Buenos Aires, le moral a du mal à se maintenir chez les troupes. Mais un bon petit déjeuner et la perspective de quelques jours supplémentaires de découvertes et d’aventures suffisent à nous motiver pour la journée. Au programme : un rendez-vous à 11 heures sur l’Avenida Corrientes, cette fameuse avenue à une vingtaine de minutes à pied de chez nous, et que nous apprécions beaucoup pour sa vitalité de jour comme de nuit.

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Arrivées dans les locaux, nous faisons la connaissance de Pamela Landini, la responsable Communication de l’Association EQUIDAD. Nous avons souhaité rencontrer cette association car ses missions correspondent vraiment à nos thèmes de recherche : il ‘agit d’une ONG qui promeut l’égalité d’opportunités et la préservation de l’environnement dans le contexte de la société de l’information, à travers la mise en place de programmes éducatifs et technologiques. Ses objectifs sont les suivants : créer une culture du recyclage, de la réutilisation de la technologie à des fins éducatives, culturelles et de protection de l’environnement ; favoriser l’égalité d’accès à l’éducation, l’information, aux connaissances et aux nouvelles technologies ; offrir de meilleurs opportunités de formation et d’insertion professionnelle à des personnes à faibles revenus ; consolider un réseau de personnes qui échangent des savoirs et des bonnes pratiques pour le développement social à travers l’usage des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC). Tout y est  ou presque: adaptation à l’évolution des technologies, mobilisation du numérique dans une démarche socio-éducative et durable, et inclusion des habitants plus précaires par la formation et l’insertion professionnelle.

Pamela nous présente l’association, son fonctionnement, ses missions et le détail des programmes et projets proposés, parmi lesquels une école de Capacitacion Técnica (Formation) qui propose des cours destinés à la formation des jeunes, des adultes et des personnes âgées, dans les métiers liés à l’informatique (un cours d’utilisation et de manipulation des ordinateurs et des programmes, et un cours de réparation d’ ordinateurs). Ils forment environ 1 200 élèves chaque année à travers des conventions signées avec le gouvernement local et national, des entreprises et des universités. EQUIDAD est ainsi l’une des 13 associations d’Argentine habilitées à dispenser des formations permettant la délivrance de certifications approuvées par Microsoft. L’association propose aussi des Taller de Reciclaje (Ateliers de recyclage) dont le principe est le suivant : ils organisent des campagnes de récolte dans tout le pays, reçoivent des ordinateurs en désuétude, obsolètes, de la part des entreprises, des particuliers et des organismes d’Etat, les recyclent et les donnent ensuite réparés à des organisations sociales, des foyers, des cantines, des écoles et hôpitaux qui en ont besoin pour concrétiser leurs projets ou développer leur programme éducatif.

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Le rôle de cette association nous paraît essentiel dans un contexte tel que celui de Buenos Aires où le fossé numérique qui sépare les populations les plus défavorisées de celles qui ont accès aux services internet et aux nouvelles technologies est encore bien large. La focalisation sur la dimension sociale avec le support technologique comme outil nous paraît une approche intéressante, si ce n’est « intelligente ». Cependant, comme nous avons pu le réaliser au cours de notre séjour et dans le cadre de nos recherches, l’association est certes en phase d’expansion et de développement, mais il s’agit à nouveau d’une initiative noyée dans beaucoup d’autres. Et ces structures ont des difficultés à se coordonner pour mener une action de grande ampleur et de grande échelle. Un grand nombre d’associations ou ONG travaillent en effet sur ce thème de la « capacitation » des populations, à l’intérieur ou hors du champ du numérique.

De fait, comme nous l’explique Pamela, l’objectif de l’association est aussi, à terme, de développer son réseau de contacts et de multiplier les partenariats pour des projets communs. Aujourd’hui, les membres de l’association travaillent notamment aux cotés de l’association Pescar qui vise à renforcer le lien entre l’éducation, la jeunesse et l’emploi, mais aussi Inicia qui promeut le développement d’entreprises soutenables qui contribuent à la création de valeur économique, sociale, civique et environnementale, ou encore Un techo para mi pais qui mène des actions bénévoles pour lutter contre la pauvreté dans les bidonvilles, promouvoir le développement communautaire et dénoncer l’exclusion.

Pour clôturer l’entretien, Pamela nous donne son avis sur la stratégie de modernisation du Gouvernement de la ville autonome de Buenos Aires. Selon elle, elle peut effectivement fonctionner mais seulement si elle est doublée d’une attention particulière portée à l’amélioration des conditions de vie des populations. Or, le développement des technologies n’est pas pertinent dans un contexte de sous-utilisation. Ajouté au manque de technologies disponibles (par exemple, les applications et le wifi pour le Subte (métro) sont bien utilisées et fonctionnent correctement, mais le Subte n’est présent qu’à Buenos Aires : quid des autres villes du Grand Buenos Aires et du reste du pays?), il y a un manque de formations et de mise en capacité des plus démunis, des exclus de la société. Il faut donc, au coté de l’attention portée au quantitatif, ajouter et insister sur le coté qualitatif de cette démarche.

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Ravies de cette entrevue, nous rebroussons ensuite chemin vers l’appartement où nous logeons. Nous faisons un détour par Carrefour Market sur Santa Fe pour nos courses de la semaine avant de céder devant la vitrine du « Veggie Club » au coin de rue nous séparant de chez nous. Il est très courant de croiser dans les rues de Buenos Aires un nombre important de petits restaurants-traiteurs où il est possible de se servir dans des barquettes à emporter des plats préparés, salades, tartes et autres gourmandises à prix réduits (chez Veggie, 10 pesos les 100 grammes, soit 6 euros le kilo), à la manière d’une cantine self-service. L’avantage : les produits sont souvent de bonne qualité, les plats sont délicieux et le plus souvent végétariens. Un régal pour les amoureux de légumes en sauce en grandes proportions. Voilà pour ce qui est de notre déjeuner. Une nouvelle manière de se motiver avant d’entamer une après midi studieuse sous le plaid à avancer nos recherches et rédiger nos prochains articles.

 

Mardi 26/07 – Recherches, lectures et café bio

Ce mardi, il pleut. A grosses gouttes. Ça tombe bien diront les plus optimistes, il ne nous reste que quelques jours pour avancer notre travail et c’est le temps parfait pour une session complète de recherche et d’approfondissement de notre analyse. Nous commençons une première ébauche de plan et mettons sur papier nos premières conclusions. Nous avons hâte de vous les partager !

Après plusieurs heures de tapotage d’ordinateur, nous mettons le nez dehors pour rejoindre Louise, une française expatriée à Buenos Aires, qui nous a contacté suite à la lecture de notre blog pour discuter de notre projet. Louise est urbaniste de formation, passionnée de graphisme, et a souhaité passer quelques mois à Buenos Aires entre deux boulots pour découvrir cette ville aux coté de son compagnon. Nous la retrouvons dans Palermo, royaume des boutiques et cafés bobos en tous genres. Sur Gorriti, un charmant café « bio » propose un « merrienda » (goûter) de 16h à 20h : jus de fruits au granola, limonade maison, cakes et gourmandises en tous genre. Si nous avons oublié de le mentionner, il faut savoir qu’à Buenos Aires, on vit à l’ « heure espagnole » comme on dit en France. A savoir : déjeuner tardif, tout le monde au café à 19h, traditionnelle sieste du fêtard argentin suivie d’un dîner, mais pas avant 22h, et tout ça avant d’entamer des soirées qui peuvent durer jusqu’au petit matin.

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Nous sommes ravies de notre rencontre avec Louise, à qui l’on a pu raconter un peu plus en détails les raisons de notre venue dans la ciudad Porteña et nos impressions communes sur la vie locale, son hiver particulièrement froid, sa gastronomie, son gigantisme et ses problématiques urbaines nombreuses et on ne peut plus complexes. Nous lui souhaitons le meilleur pour la suite et notamment pour son retour à Paris, où il ne sera pas si facile de se procurer quantité d’empañadas à prix minimes ! A bientôt pour des occasions en commun.

 

Mercredi 27/07 : Mémoire, Malouines et hard-tango

Le soleil est revenu ! Timide, mais il pointe le bout de son nez, et l’humidité nous a quitté pour d’autres terres plus lointaines. Après une matinée au chaud, nous déjeunons puis sautons dans le bus colectivo 159 pour nous rendre à l’autre bout de la ville, sur le site du Musée de la mémoire, à environ 50 minutes de trajet (nous présentons l’espace du site de la Mémoire de Buenos Aires dans notre Journal de bord #2).

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Nous ne souhaitions pas quitter la ville de Buenos Aires avant de nous être baignée dans son Histoire politique, l’Histoire de la dictature militaire, des militants assassinés, disparus, des procès et de la défense des droits de l’homme aujourd’hui en Argentine. Pour nous y rendre, nous re-faisons, cette fois tranquillement installées dans le bus, le trajet que nous avions réalisé une semaine plus tôt à pied, afin de profiter d’un après midi complet de culture et d’histoire.

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Sur place, nous retrouvons avec plaisir Louise, accompagnée de Jules, avec qui nous entamons notre visite de ce site historique assommant d’émotions.

Nous commençons par la Casa de Nuestros Hijos, ancien bâtiment d’hébergement des sous-officiers et entrepôt des armes et actuel lieu d’hommage et de revendication de la lutte pour retrouver les enfants disparus sous la dictature, où plusieurs salles d’exposition ont été aménagées, sans perdre l’atmosphère de “froid” et de “peur” en quelques sortes dont les murs sont chargés. Sur les panneaux exposés, nous pouvons relire les grandes étapes de l’instauration de la dictature militaire, du processus de réorganisation nationale instauré par le général Videla, de la violence de la terreur d’Etat, des assassinats, des kidnappings, aux grandes mobilisations des mères de la Place de mai à la recherche de leurs enfants, et aux procès historiques des criminels identifiés depuis les années 1980 à la fin des années 2000.

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Pour la petite histoire, à la chute de la dictature en 1983, le président Raul Alfonsin initia la transition démocratique en Argentine. Après son élection, il créa d’abord la Commission de vérité et de réconciliation (CONADEP), présidée par l’écrivain Enersto Sabato et organisa ensuite le « Procès de la Junte » en 1983, qui jugea les principaux responsables de la dictature, dont Videla, ainsi que des membres des Montoneros. Ce procès marqua une étape clé dans l’Histoire du pays: une étape complexe, marquée par des avancées et des reculs, et qui porte toute l’ambiguïté du contexte dans lequel se sont développés les partis politiques et les différents courants militants encore présents et actifs aujourd’hui, pour la plupart.

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Initié en 1984, le procès de la Junte militaire a eu lieu dans le contexte d’une énorme mobilisation sociale, de multiplication de plaintes contre les crimes aberrants commis sous le régime militaire, et sur fond de discrédit profond des militaires.

Par l’imbrication de lois et décrets, le nouveau régime élu attribua au Conseil suprême des Forces armées (CONSUFA), appartenant à la justice militaire, le rôle de juger les chefs des trois premières juntes militaires. Mais le tribunal repoussa sans cesse sa mission tout en tachant de justifier les actions des forces armées pendant cette période sombre, et entraînant le transfert de la charge des procédures judiciaire à la Cámara federal (Chambre judiciaire, droit civil).

 

Le procès de la Junte Militaire:

Entre avril et décembre 1985, les membres des trois premières Juntes militaires furent jugés pour les crimes commis pendant la dictature. Le tribunal à charge du Procès fut la « Cámara Nacional de Apelaciones en lo Criminal y Correccional Federal » (Chambre Nationale d’Appel des affaires pénales et correctionnelles) de la Capitale fédérale. L’accusation était à la charge du Ministère de la Justice et les victimes y ont seulement participé en tant que témoins. La majorité des accusés compta sur la défense de cabinets juridiques privés, et seul Videla eut recourt à la défense officielle gratuite. La procédure du Procès des Juntes combina des règles de la justice civile avec des règles de la justice militaire. Les anciens commandants furent accusés des délits de privation de la liberté, tortures, vols et homicides.

Le Ministère de la Justice sélectionna les cas qu’il considérait les plus solides et cita une centaines de témoignages des victimes. Il y eut aussi des déclarations d’experts, d’hommes politiques et fonctionnaires internationaux. Finalement, le 9 décembre 1985, le tribunal condamna 5 des accusés à des peines allant de la réclusion à perpétuité à 4 ans et 6 mois de détention, et acquitta les quatre autres. Les condamnés furent également inhabilités à occuper des postes publics et révoqués de leurs rangs et grades militaires.

IMG_7944Le développement du Procès fut possible grâce à une énorme mobilisation sociale et par le profond discrédit des Forces armées dans le contexte d’ouverture à la démocratie. Pendant le procès, de nombreuses manifestations furent organisées dans la rue, et les médias couvraient quotidiennement les audiences. Le canal public Argentina Televisora Color (ATC) transmettait trois minutes d’images sans son par jour. La lecture des décisions furent l’unique étape du Procès transmis de manière complète avec son et image.

Le Procès des Juntes militaires ouvrit un processus de justice qui continua postérieurement dans d’autres procès. Cependant, les soulèvements et rebellions de certains secteurs militaires qui menaçaient d’une nouvelle rupture institutionnelle, bien qu’ils furent l’objet d’un ample rejet social, cherchèrent à dé-légitimer et empêcher l’action de la justice. Entre 1986 et 1987, les lois de Punto Final y Obediencia Debida et les décrets postérieurs de « grâce » (amnisties) furent adoptées, assurant l’impunité des militaires ayant participé à la « sale guerre » durant la dictature argentine (1976-1983). Ces lois donnaient seulement 60 jours aux victimes pour déposer leurs plaintes, et passé ce délai, celles-ci devenaient irrecevables. Elles tentèrent ainsi d’anéantir les demandes de justice. Dans ce contexte, les associations de défense des droits de l’homme tentèrent différentes stratégies pour atteindre certaines formes de justice et de vérité, en même temps qu’ils luttèrent d’arrache-pied pour obtenir la ré-ouverture des affaires. La nullité et la déclaration postérieure d’inconstitutionnalité des lois d’impunité marquèrent une nouvelle étape. Sans doute, le Procès des Juntes Militaires marqua le monde dans un processus de justice qui, avec ses avancées et ses retours en arrière, continua jusqu’à nos jours

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La CONADEP – Comision Nacional sobre la Desaparicion de Personas:

La CONADEP fut une commission composée de 13 citoyens, élus selon des critères éthiques. Pendant 9 mois, la CONADEP enquêta sur la disparition forcée de personnes et autres violations des droits de l’homme entre 1976 et 1983, afin d’établir la vérité sur les évènements qui se sont produits. La CONADEP réunit les plaintes, dénonciations, et reçut de nouveaux témoignages, en majorité venant de familles et de survivants. Elle travailla dans 15 provinces argentines et dans les consulats et ambassades à l’étranger. De plus, elle organisa la reconnaissance in situ des centres clandestins de détention (Centros clandestinos de detencion). Les associations de défense des droits de l’homme avait demandé la création d’une commission bicamérale dépendante du Congrès National qui devait s’atteler à chercher les responsables des crimes commis pendant la dictature. La CONADEP reçut des témoignages volontaires qu’elle documenta et releva à la justice, mais ne diffusa pas l’identité des responsables. Du fait de ce manque de prérogatives et du refus des forces armée de transmettre des informations, il n’a été possible de réunir que 8 960 cas de détenus-disparus et 340 centres clandestins de détention. Le travail de la CONADEP se déroula dans le flot des critiques des défenseurs de la dictature, la révolte des militaires qui furent accusés par défaut, et l’organisation des tribunes qui engendrèrent une agitation politique et des menaces de coup d’État. Le 4 juillet 1984, l’enquête préliminaire fut diffusée dans le cycle « Television Abierta » (Télévision ouverte) et en septembre, Ernesto Sabato (président de la CONADEP), présenta le rapport publié sous le nom de « Nunca Mas » (Jamais plus), devant le Congrès. Cette formidable enquête corroborait les accusations de survivants et d’associations, apportant les preuves fondamentales pour la reconnaissance des crimes et de leurs méthodes, et mis fin à la fameuse « théorie des démons » qui était alors en vigueur, et prétendait mettre sur le même plan le terrorisme d’État et les guérilleros.

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Après un passage sur la place de la Declaración Universale de los Derechos Humanos, ancien lieu des entraînement et cérémonies militaires et terrain d’atterrissage des hélicoptères de 1976 à 1983, nous nous dirigeons vers le Musée des Malouines en passant par l’Espacio Cultural Nuestros Hijos (ECuNHi) qui accueille les locaux de l’Association des Mères de la place de Mai et qui organise régulièrement des concerts, des conférences et autres ateliers culturels. Les bâtiments sont vides, nous ne croisons personne.

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Frigorifiées et un peu chamboulées par toutes ces réminiscences historiques, nous terminons notre visite par le Musée de Malouines, dont la taille, la forme et la fréquentation contraste grandement avec les bâtiments que nous venions de visiter. Ce musée est immense, ultra-moderne, s’étend sur 3 étages et propose régulièrement des visites guidées. Un parti pris d’investir autant et de concentrer les efforts sur l’histoire de la revendication et la lutte acharnée pour la reconnaissance de l’appartenance des Islas Malvinas (aujourd’hui territoire britannique) à l’Argentine. Enjeu d’un affrontement militaire sanglant entre cette dernière et l’Angleterre à l’apogée de la dictature militaire, cette lutte reste aujourd’hui présente dans l’esprit des argentins, comme le symbole d’un combat identitaire voire “universel” d’après ses protagonistes. Ce qui peut paraître curieux, un peu décalé, c’est l’ampleur de la revendication, qui persiste aujourd’hui sous de nombreuses formes, pour un archipel de 750 îlots d’une superficie de 12 000 km² (équivalent à l’Irlande du Nord) et d’une population d’environ 3 000 habitants (pour la comparaison, l’Argentine s’étend sur 2 780 000 km² et selon des chiffres de 2013, accueillait 41,45 millions de personnes).

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A l’entrée du Musée, un film est projeté, censé retracer rapidement et d’une manière “simple” et “compréhensible” les grandes étapes de ce combat inachevé. Véritable récit de propagande, ponctuée d’images projetant de manière succincte des paysages, la faune Malouine, la force des soldats argentins, et un manichéisme ensanglanté qui se termine sur les grands discours politiques des leaders actuels revendiquant encore et toujours la propriété argentine sur cet espace insulaire isolé et inexploité.  Amusés et intrigués par ce que nous venions de voir, ce montage esthético-politique retraçant une lutte portée par tous et toutes ici (sans doute prévaut une indifférence générale face à la question de la part de la majorité des habitants de Buenos Aires, mais il s’agit bien d’un combat fédérateur), nous faisons un rapide tour et sortons à 17h, horaire de la fermeture du Musée.

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Nous quittons finalement ce site immense, à l’apparence d’un terrain militaire abandonné, d’une friche quasi dépeuplée et colonisée par les herbes folles, abritant des salles pleines d’histoires, de témoignages, de photos et de plaies encore bien ouvertes.

trajetpiedvommaroPour nous rendre à notre prochain rendez, une rencontre avec le politiste Gabriel Vommaro, nous marchons environ 7 kilomètres en redescendant toute la zone nord de Buenos Aires, le long de l’Avenidad Cabildo, avant de tourner dans le quartier de Collegiales, jouxtant Palermo, une nouvelle découverte! Arrivées tout pile à l’heure du rendez vous, nous nous installons dans le café Le Blé, à l’angle d’une rue. C’est l’heure du goûter à Buenos Aires: le café est rempli et très bruyant, pas facile de s’entendre. Mais Gabriel, qui parle un peu français, est très bienveillant et fait attention à rendre le dialogue facile.

Chercheur au CONICET et enseignant-chercheur à l’Université nationale de General Sarmiento, Gabriel Vommaro travaille sur des sujets se rapportant aux partis politiques en argentine ainsi qu’à certaines formes de participations politiques à travers le militantisme, et le lien entre experts, médias, et hommes politiques. Il a notamment enquêté sur les pratiques militantes du parti actuellement au gouvernement à Buenos Aires, le “Pro” (Propuesta Republicana). Le Pro est en réalité une coalition de partis toute jeune, créée en 2005, et qui rassemble à la droite de l’échiquier Compromiso para el Cambio, le parti dirigé par Mauricio Macri (actuel président argentin), Recrear para el Crecimiento, mené par Ricardo López Murphy, et le Parti fédéral de Francisco Manrique. Flash back : il faut savoir que les premières élections à Buenos Aires datent seulement de l’année 1997. Auparavant, on n’élisait pas de gouvernement local, ni de “Jefe de gobierno”. C’est la réforme de la Constitution qui a aboutit en 1996 à attribuer à Buenos Aires le statut de ville autonome.

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Comme nous l’explique Gabriel, cette Constitution porte plusieurs dispositifs liés à la question participative, notamment des formes de décentralisation avec la création des Comunas (divisions territoriales similaires au système des arrondissements à Paris). Chaque Comuna élit des représentants, les Comuneros. Cependant, l’implantation des Comunas a été très lente et disposent de peu de compétences: elles agissent souvent comme des bureaux décentralisés de l’Etat. Au niveau politique, la Junta comunal compte 7 membres, dont 1 est élu président. Les Comuneros ont peu de fonctions, et leur activité dépend beaucoup de leur volontarisme, de ce qu’ils désirent faire (politiques sociales, développement économique, agenda culturel…). L’activité de chaque Comuna est par conséquent très variable, notamment en raison des différents styles de gestion de leurs présidents respectifs. Chaque Comuna a également une assemblée de vecinos (habitants), les Consejos consultivos, sur la base d’une participation spontanée et bénévole des habitants. Ces assemblées fonctionnent très différemment selon les lieux.

En somme, les Comunas n’ont pas un fonctionnement figé, et en dehors de ces assemblées, il n’y a pas réellement d’instances participatives. De plus, si les dispositifs de budgets participatifs sont inscrits dans la loi, ils restent des outils sous-utilisés, ou de manière très marginale. Il n’existe donc pas d’instances ou de protocoles stables, établis, et connus de tous. En réalité, les canaux plus informels sont davantage utilisés pour faire pression sur le gouvernement, notamment les manifestations et les marches contestataires qui forment ici une routine citoyenne plutôt bien acceptée et largement étendue.

Gabriel nous présente ensuite un panorama des grands groupes de médias existant et leur relation avec le monde politique. Selon lui, Buenos Aires est un cas assez particulier en tant que véritable centre névralgique du pays. De fait, il y a très peu de médias locaux (sur internet ou sous des formes informelles). La plupart sont des grandes groupes nationaux: Clarin, Telefonica, la Nación… Et face à la conflictualité sociale très présente à Buenos Aires, notamment contre la politique du gouvernement, les critiques médiatiques sont assez fortes quand les manifestations finissent en violence, même minimes: violences des manifestants mais aussi violence policière. Cependant le principal problème de la relation des médias avec le monde politique tient dans les stratégies de manipulation et formes de clientélisme de ces grands groupes vis à vis des secteurs les plus populaires de la population. Ces derniers ont tendance à accorder une grande confiance aux médias, ce qui réduit leur légitimité et la probabilité d’engagement aux cotés des classes moyennes, plus mobilisées et plus susceptibles de faire pression sur le gouvernement. En réalité, les questions de la propriété terrienne et de l’habitat monopolisent la préoccupation des classes populaires. Cette forme de conflictualité sociale est très complexe, parfois très violente, et très stigmatisée.

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Concernant ce lien entre monde politique et acteurs privés, notre interlocuteur a souhaité nous rappeler que cette porosité n’est pas propre à l’Argentine, elle est présente partout (un petit clin d’oeil qui nous transporte pour une demi-seconde dans la situation de notre cher pays, la France).  Cependant, ce qui est relativement nouveau ici, c’est la multiplication des possibilités de collusion public-privé. Premièrement, parce le nombre de travaux publics a explosé depuis une dizaine d’année. L’Etat est alors devenu un acteur majeur de l’économie, engrangeant toujours plus de ressources et engageant toujours plus de travaux. Aussi, entre 2004 et 2012, il y eut un véritable boom dans la construction. Or, les secteurs de la construction, de l’aménagement, tous ces domaines qui font la ville, nécessitent des permis, donc une négociation accrue avec les acteurs publics. Parallèlement, Mauricio Macri est un symbole de cette collusion public-privé: pour la première fois, un homme d’affaires devient président du pays. De plus, lors de son mandat en tant que maire de Buenos Aires, il est bien connu pour avoir fait en sorte de commander les grands travaux aux entreprises possédées par les membres de sa famille, voire à sa propre entreprise qui est l’un des principal groupe économique du pays.

Il se fait tard, Gabriel conclut l’entretien sur une des questions centrales notre enquête: le possible rôle des nouvelles technologies dans une perspective de participation citoyenne. Ni pour, ni contre, les technologies ne nous libèrent pas plus qu’elles nous réduisent en esclavage. Dans ce cadre, elles ne permettent ni n’empêchent la participation citoyenne: tout dépend de leur développement, de leur localisation, de l’accès à ces technologie et de la façon dont cet accès s’organise. Il y a de fait beaucoup d’exemples dans lesquels les nouvelles technologies ont permis d’organiser les choses de manière plus horizontales, et aussi beaucoup d’exemples où elles ont aboutit sur une organisation très verticale. En tous cas, elles donnent un sentiment démocratique, même quand ça reste très bureaucratique. Pour illustrer son propos, Gabriel nous rappelle la quantité d’études, très intéressantes, qui en analysant le fonctionnement des réseaux sociaux du type Facebook, ou Twitter, décortiquent les algorithmes qui organisent l’information qui s’affiche, le système de likes ou dislikes et qui visent finalement à homogénéiser les opinions présentées et les stimulations possibles sur les réseaux sociaux. Selon ses propres termes, ce sont des “sortes de barrios cerrados mais pour la communication virtuelle”. Finalement, il n’y a pas un seul effet possible de l’utilisation des nouvelles technologies. Il y a des exemples de politique d’ouverture des données dans lesquels cela a aboutit à davantage de transparence, un meilleur accès à l’information, etc.

En Argentine, depuis deux ans, il y a un grand débat sur un possible changement des modalités de vote. Actuellement, chaque parti finance ses bulletins (leur impression) pour chaque bureau de vote lors des élections. Un mécanisme finalement peu démocratique car tous les partis n’ont pas les moyens de financer un même nombre de bulletins et certaines affaires de vols de bulletins ont d’ores et déjà eut lieu. Le pays réfléchit ainsi à mettre en place le vote électronique. Cela pourrait favoriser la transparence et donner plus de confiance aux citoyens. Mais d’un autre coté ça peut avoir des conséquences négatives: ces guichets électroniques sont de véritables “boites noires” et les individus n’ont aucun contrôle là dessus.

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Selon Gabriel, un bon compromis a été trouvé à Buenos Aires quand a été mise en oeuvre la réforme sur les modalités de vote pour les élections du gouvernement de la ville. En effet, on est passé du vieux système du bulletin papier au bulletin électronique : chaque votant imprime sur une machine son bulletin avant de l’insérer lui même dans l’urne. On garde donc le contrôle humain sur le geste du vote, jusqu’à l’urne. Cependant, des problèmes d’égalité de chances pour tous les partis persistent du fait du nombre des listes présentées, qui ne tiennent pas toutes dans l’écran principal de la machine, certaines étant reléguées sur la deuxième page et étant de fait désavantagées (moins de chance d’être visibles). Nous n’avons pas ici un compromis équitable, un système parfait et la question reste très complexe. Dans tous les cas, ces techniques peuvent à la fois servir aux citoyens pour avoir plus de contrôle, ou à l’inverse peuvent être un facteur de perte de confiance.

Sur ces conclusions, nous finissons nos boissons et nous séparons de notre interlocuteur pour nous rendre à nouveau, à une petite quarantaine de minutes de là, au Club Atlético Fernández Fierro (voir Journal de bord #3). Ce soir, l’Orquesta Típica Fernández Fierro joue sa deuxième session de leur tournée. Ils s’agit d’un groupe relativement connu en Argentine, notamment sous le nom du tango “le plus rock” qui existe aujourd’hui dans le pays. En attendant les stars locales, nous dégustons un apéritif à base de Cerveza (bière) locale, empañadas et fugazetta, les classiques de la gastronomie sur le pouce à Buenos Aires. Comme à leur habitude, semblerait-il, les concerts commencent ici minimum une heure et demie après leur horaire programmé.

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Au tombé du rideau, nous découvrons l’orchestre: des trentenaires chevelus-barbus, trois bandoneon, quatre violonistes, le sosie de Jeff Bridges à la sauce Dude à la contrebasse, piano, guitare, et une déesse des ténèbres habillée de sa chevelure enivrante et de son long manteau de cuir à la voix rauque mêlant des influences de Piaf, Barbara et des textes déchirants magnifiquement “écorchés” par cet accent argentin que nous avons fini par adorer. Ils débordent d’énergie, et jouent avec hargne un tango qui parfois penche largement dans le hard-rock, le métal symphonique, tout en jouant sur les subtilités des instruments à vent de l’orchestre, sous le regard déjanté des musiciens. Une très bonne surprise, un délice auditif! Bref, de quoi nous donner le sourire pour la fin de soirée.

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Jeudi 28/07 – Henri IV, témoignages et Vermicelli Tuco

Comme le temps passe vite! Afin de profiter à fond des derniers jours, nous consacrons notre journée à un dernier travail de fond en commun. Le temps y est propice à vrai dire: rédaction d’articles, recherches documentaires, tri et partage des photos du séjour, nous nous occupons pour une bonne partie de la journée. Par chance, Sara et Raul nous contactent en fin d’après midi pour un dernier au revoir avant le départ de Léa. Nous sommes ravies. Le couple nous donne rendez vous au Colegio Nacional de Buenos Aires, dans lequel Raul a étudié, et qu’ils surnomment avec humour le “Henri IV” argentin.

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Installé depuis 1767 au numéro 263 de l’Avenue Bolivar, à deux pas de la Plaza de Mayo et de la Casa Rosada (Résidence du président argentin), le Colegio Nacional est une institution de renom sous l’égide de l’Université de Buenos Aires, et l’un des meilleurs lycées du Pays. Cette institution secondaire aura formé une pléiade de personnalités argentines connues: créateurs, écrivains, scientifiques, économistes, quatre Présidents de la République, et deux Prix Nobel. Ce jour là, Sara et Raul participaient à une série de table ronde dans le cadre d’un évènement de grande ampleur, soit l’anniversaire de la Noche de los Bastones Largos (la Nuit des longs bâtons).

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Il y a 50 ans de là, le 28 Juin 1966, un coup d’Etat militaire a renversé le gouvernement constitutionnel de Arturo Illia. Un mois plus tard, le nouveau gouvernement dirigé par le général Juan Carlos Onganía a décidé de prendre le contrôle des Universités nationales, régies jusqu’alors par les principes d’autonomie et de co-gouvernance depuis la fin des années 1950. Une censure stricte a notamment été appliquée sur le contenu des enseignements universitaires et le projet réformiste de l’Université, basée sur la relation étroite entre la recherche et l’enseignement, a été démantelé. Le Recteur de l’Université de Buenos Aires, Hilario Fernandez long, et les membres du Conseil supérieur ont rejeté la mesure et de nombreux groupes d’étudiants et d’enseignants ont occupé les bâtiments de plusieurs facultés pour protester cette même nuit. Les principaux protestataire ont alors été expulsés violemment par la police. Cet épisode, connus plus tard sous le nom de « La nuit des longs Canes », constitue l’un des moments les plus tragiques et douloureux de l’histoire de l’université Argentine.

1966Dans le cadre de cet anniversaire, l’Université de Buenos Aires se souvient de ces événements et a souhaité donner la parole aux enseignants, aux étudiants témoins ou acteurs des protestations, afin de se rappeler, et dénoncer à nouveau la brutalité et les abus des forces de l’Etat, l’assujettissement des institutions universitaire. Aujourd’hui, l’évènement est considéré comme une référence centrale du déclin culturel et académique sous les régimes autoritaires en Argentine, ainsi que ses conséquences sur la fuite des cerveaux du pays, très forte à l’époque et, dans une moindre mesure, encore à l’oeuvre aujourd’hui.

Sara vient nous chercher à l’entrée du Colegio, et nous propose une petite visite de cette institution, riche semblerait-il, accueillant aujourd’hui plus de 1000 étudiants, et encore architecturalement ancrée dans l’influence du XIXe siècle européen et de la pensée des Lumières. Nous entrons dans l’amphithéâtre qui accueille depuis la matinée les tables rondes d’intervenants. A 19h, ce sont deux anciens étudiants, leaders politiques des mouvements de la gauche communiste, réformiste et chrétienne-démocrate de l’époque,  qui viennent témoigner. Les récits de vie de ces personnages sont émouvants, bien que nous ne comprenions pas grand chose.

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Le sujet est complexe et il commence à se faire tard dans la journée pour que nous cerveaux reconnectent avec le castillan peu articulé. Néanmoins, à la sortie, Sara nous traduit les grandes lignes des interventions, et nous rappelle le contexte dans lequel ont grandit ces générations: le XXe siècle argentin a été ponctué de coups d’Etat instaurant plusieurs régimes dictatoriaux. Dans les années 1930, le pays connait une “Décennie infâme” sous le régime de José Félix Uriburu. Vingt ans plus tard, en 1955, la “Révolucion Libertadora” instaure la dictature nationale-catholique de Pedro Eugenio Aramburu, jusqu’en 1958, avant que le général Juan Carlos Ongania ne dirige la Revolucion argentina et ne plonge le pays dans une dictature de 1966 à 1973. Depuis la dictature de 1976-1983, dirigée au départ par le général Jorge Rafael Videla et qui a entraîné l’enlèvement et la disparition de plus de 30 000 personnes dans tout le pays, les régimes qui se sont succédés ont tous été constitutionnellement élus. C’est une exception en Argentine, nous rappelle Sara “on est pas habitués à ça”. Selon elle, face au contexte actuel et notamment les conflits sociaux générés par un pays dévoré par le capitalisme d’Etat, il faut rester prudent. La menace d’un coup d’Etat n’est jamais bien loin.

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13866837_10210221793011284_1185782914_nPour fêter nos dernières retrouvailles, Sara nous guide jusqu’à l’Avenida Corrientes et ses milles et uns restaurants. Ce soir, nous allons chez Pippo, un restaurant populaire argentin qui sert depuis 1937 d’énormes portions de ses traditionnelles Vermicelli, des pâtes maison très épaisses assaisonnées avec des produits de très bonne qualité. Nous partageons ce repas et nos dernières discussions, toujours passionnantes, avec notre couple préféré de militants porteños. Un régal et surtout un plaisir de les revoir une dernière fois, avant leur prochaine visite à Paris, qu’ils connaissent bien. On leur promet un accueil tout aussi chaleureux et un repas français cuisiné par nos soins avec amour.

Ciao Sara, ciao Raul, merci pour tout, vos bons conseils, votre intelligente, votre générosité et pour nous avoir soutenues dans notre projet dès notre arrivée.

 

 

Vendredi 29/07 – Dernières visites urbaines à la Republica de la Boca

La soleil se lève sur l’avant dernière journée (pour Léa), un motif suffisant de bonne humeur et une bonne raison de dédier l’après midi à une dernière visite dans le Buenos Aires de proximité. Après une matinée à finaliser la répartition de la suite du travail pour notre rapport final, nous décidons de sauter dans le bus direction La Boca. Si nous avions eu l’occasion de nous rendre dans certains quartiers du Sud de Buenos Aires, il nous restait ce mythique barrio à découvrir.

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Situé juste sous le Parque Lezama et au sud des ruelles pavées et embourgeoisées de San Telmo, La Boca longe le Riachuelo, rivière qui constitue la limite sud de la ville et se déverse dans le Rio de la Plata (aussi connue pour être classée parmi les dix sites les plus pollués du monde selon Green Cross, en 2013). Une fois arrivée à l’entrée du quartier, nous décidons de traverser les quelques rues qui sépare son coeur de la grande avenue qui s’étend ensuite jusqu’à la banlieue de Buenos Aires. Nous déambulons, et percevons progressivement l’ambiance et les formes toutes particulières d’un quartier qui cultive sa différence: petites ruelles, habitations en tôles bigarrées, musique dans la rue, et revendications de l’identité communautaire sur les murs des maisons (en 1882, les habitants du quartier auraient même déclaré l’indépendance de la Republica de la Boca).

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Nous débarquons sur les docks de la Boca, à l’embouchure du Riachuelo, et sommes à nouveau surprise par ce rapport si particulier au fleuve qu’entretient la ville de Buenos Aires et ses habitants. Tours d’habitation surplombant les docks, industries et usines, plateformes portuaires logistiques, rien n’est véritablement aménagé pour que le portègne ou le visiteur apprécie vraiment le contact avec l’eau. Mais l’endroit est sympathique, et le soleil au rendez vous.

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A deux pas des docks, commence le célèbre Caminito, minuscule passage représentée sur les 9/10ème des cartes postales de Buenos Aires. Pour une raison simple: les maisons qui s’y sont installées depuis les premières constructions des  immigrés génois dans les années 1880-1890, sont toutes plus originales les unes que les autres. Avec leurs tôles colorées, leurs escaliers imbriqués, l’attraction touristique de ce lieu n’enlève rien à son charme. Nous y croisons un couple de jeunes danseurs de Tango se donnant en spectacle, et apprécions la scène quelques minutes. Nous comprenons alors la force que représente ce quartier “mythique” de Buenos Aires dans l’imaginaire collectif.

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Nous faisons un tour de quelques blocs, et croisons quelques boutiques, des habitants installant leur barbecue dans la rue, une place publique redécorée de tags et fresques murales, aménagée et longée de restaurants colorés, mais également le fameux stade de la Bombonera, qui accueille les entraînements et matchs de la célèbre équipe du Club Atlético Boca Juniors, célèbre pour son excellence au football et d’où est née la légende du grand Diego Maradona, vénéré ici, à Buenos Aires, au même titre que le couple Peron ou des personnages symboliques de l’Argentine comme le Che.

 

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Nous longeons également les voies ferrées d’une ligne de train inexploitées, datant de 1866, soit créée dans le but de relier le centre à la banlieue sud, vers Quilmes, avant même que les premières maisons ne s’installent à la Boca. A partir de l’arrivée du chemin de fer dans le quartier, la ville délocalisa une partie de ses installations de fabriques et d’usines le long de cette voie ferrée entre La Boca et Barracas (quartier sud, visite que nous vous racontons dans le journal de bord #1) dans le secteur de la rue Garibaldi. Symbole du passage de Buenos Aires dans la révolution industrielle, cette première densification transforma radicalement les sites de La Boca et de Barracas qui deviennent à eux seuls les principaux lieux de production industrielle de Buenos Aires jusqu’en 1900. AU début du vingtième siècle, l’urbanisation progressive fini d’unifier le tissu urbain entre La Boca et Barracas, ainsi qu’entre eux et le centre de Buenos Aires. Aujourd’hui, ces voies font office de friche urbaine investie par les artistes de street art et des petits passages ont été aménagés pour permettre aux visiteurs de longer la partie touristique du Caminito.

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Complètement charmée et ravies d’en avoir fait notre dernière visite, nous quittons le barrio de La Boca jusqu’au Parque Lezama, traversons tranquillement San Telmo et sa Plaza Dorrego (que nous élisons la place la plus sympatique de Buenos Aires), puis débarquons sur l’emblématique Plaza de Mayo (pour rappel, place qui tient son nom du 25 mai 1810, date de la première formation du gouvernement argentin, débouchant sur la déclaration d’indépendance du 9 juillet 1816), prenons le sens de l’Avenida Corrientes, toujours aussi vivante, et remontons jusqu’à l’appartement. Dernière nuit pour Léa.

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Samedi 30/07 – Départ de Léa, dernier entretien et derniers empañadas de la Nueva Gata

On y est! Un petit pincement au coeur, mais un sentiment de satisfaction et l’impression d’avoir réalisé un projet véritablement captivant dans une ville à laquelle nous avons fini par nous attacher. Rangement, empaquetage de la valise, dernières vérifications, dernières lectures et nous voilà en route pour notre dernier entretien en commun. Nous avons rendez vous devant le Musée des Beaux Arts de Buenos Aires, un bâtiment monumental érigé sur les bords de la non-moins immense Avenida del Libertador, à une vingtaine de minutes de notre appartement.

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Notre rencontre du jour, c’est avec Andrès Borthagaray, diplomé d’Architecture à l’Université de Buenos Aires après un passage au Colegio Nacional de Buenos Aires (cité plus haut), mais disposant également du diplôme du Cursus international d’administration publique, délivré par l’Ecole Nationale d’Administration (ENA) en 1991. Fort de son expérience académique et professionnelle, de son engagement dans diverses institutions publiques, privées et au sein d’ONG, il effectue ses recherches dans les domaines de la gouvernance des villes et en particulier la mobilité urbaine. Il fut également, avant Guillermo Tella, notre premier interlocuteur, Directeur exécutif du Consejo de Planeamiento Estratégico (Conseil de planification stratégique, http://www.buenosaires.gob.ar/cope) de la ville de Buenos Aires. Depuis 2006, il est professeur à l’Université nationale de General Sarmiento, y dispense un cours d’ “Urban Technology” et professeur d’urbanisme depuis 2009 à l’Université de Palermo. Nous l’avons contacté afin d’avoir des précisions sur le rôle de l’Institut pour la Ville en Mouvement, dont il est le directeur depuis 2008. Dans ce cadre il a notamment travaillé sur la politique de décentralisation du gouvernement de la ville de Buenos Aires, sur le projet de planification stratégique, et sur les problématiques de transport et de transit.

L’Institut pour la Ville en Mouvement est un projet associatif fondée à l’initiative de PSA Peugeot Citroën et impulsé par une prise de conscience collective, celle d’une société, partout dans le monde, toujours plus urbanisée et communicante, où les mobilités prennent une importance croissante dans la valeur sociale, économique et culturelle qu’elles revêtent. Depuis 2000, l’Institut mobilise des experts sur trois continents (ses bureaux sont à Paris, Buenos Aires, Shanghai et São Paulo) et engage des programmes de recherche originaux associant des représentants du monde de l’entreprise à des chercheurs, universitaires et acteurs de la vie socio-urbaine, des actions de terrain innovantes, des projets mêlant les pays et les acteurs locaux et internationaux, des partenariats public-privé et des équipes toujours pluridisplinaires pour contribuer à l’émergence de solutions innovantes en matière de mobilité urbaine. Son crédo : agir pour “que la mobilité devienne un droit et un plaisir”.

Andrès parait intéressé par notre projet, et nous interroge d’abord sur la définition de la “smart city”. Ce mot d’ordre porté massivement à travers le monde ne fait évidemment pas l’unanimité. C’est une grille de lecture qui mobilise plusieurs approches, parfois complémentaires, parfois contradictoire. D’ailleurs, nous avons pu nous rendre de compte de l’hétérogénéité des points de vue des différents acteurs que nous avons rencontré sur ce sujet. Selon lui, l’ “intelligence” d’une ville ne tient pas seulement au développement du secteur des technologies de l’information et de la communication (TIC). Il existe une définition qui lui convient davantage: une ville intelligente est une ville qui utilise de la manière la plus efficace les ressources disponibles. Nous lui expliquons l’importance la question des technologies et des outils numériques dans notre approche, car elle est centrale dans la problématique de recherche d’Urbansites du Monde, tout en partageant cette vision plus “ecosystémique” des politiques publiques développées par la ville pour tenter de comprendre comment celle-ci peut se développer de la manière la plus “intelligente” possible. Autrement dit, en mobilisant certes les technologies, mais avec des approches socio-économiques et socio-urbaines qui sont spécifiques au contexte de Buenos Aires.

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Andrès nous présente un certain nombre de projets portés, dans le monde et en Amérique Latine, par l’Institut pour la ville en mouvement. Il mentionne notamment un projet d’exposition intitulé “La rue est à nous tous” et qui questionne les nombreuses relations et pratiques qui se croisent dans la rue, qui en font un lieu de conflit et de rencontre, de coexistence et de partage. A travers des supports audiovisuels et photographiques, des témoignages, des illustrations et des questionnements, des projets d’architecture et d’urbanisme, l’exposition interroge les solutions qui existent et se émergent pour faire coexister les pratiques de la rue, solutions qui supposent d’abord que les enjeux urbains soient débattus, que les intérêts des différents acteurs et usagers soient pris en compte. Autrement dit que l’on interroge la gouvernance de la rue. Une déclinaison latino-américaine de ce projet a également été organisée, intitulée “Ganar la calle”, et insistant sur la nécessité de prendre en compte les spécificités des contextes locaux: chaque situation, chaque lieu et à chaque instant devrait être soumis à des solutions spécifiques, et inscrites dans des solutions à grande échelle. Une approche qui nous intéresse particulièrement pour notre travail sur l’idée de la “smart city”, objectif qui peut parfois paraître abstrait et vide de sens dans un contexte où les solutions préfabriquées, les dogmes idéologiques et modèles urbains ont de moins en moins de succès.

Un autre projet de l’IVM a été celui de “La ville lisible”, construit sur l’idée que la complexité des trajets et des outils d’appropriation des espaces qui les permettent implique que les individus combinent des représentations et des déplacements dans des territoires extrêmement différents les uns des autres sur tous les plans : les rythmes, les agencements, les architectures, les règles de fonctionnement, les paysages… Le projet porte un ensemble de travaux questionnant les techniques d’apprentissage de la ville et de la mobilité, les dispositifs d’aide à la lecture de la ville, mais aussi des propositions pour l’information sur les transports publics et la signalétique dans des grandes villes latino-américaines. Ces dernières ont fait l’objet de peu d’attention en Amérique Latine alors que dans certaines villes, le système des transports est un réseau public bien intégré. Cependant, à Buenos Aires, il s’agit d’un système de concessions privées où chacune a tendance à se concentrer sur son propre service sans prendre part dans une vision d’ensemble de la qualité du réseau à l’échelle de l’écosystème urbain. Comme l’explique le projet, “pouvoir compter sur une information intégrée et centrée sur les usagers de la ville représente alors un défi majeur”, d’autant plus dans un contexte où le système des transports publics fait face à une concurrence accrue, et où viennent s’ajouter de nouvelles exigences comme les billets uniques, l’accueil des touristes, les nouvelles lignes de capacité moyenne, la redéfinition des parcours, ou encore l’expansion de plus en plus importante des villes, etc. Face à cela, le projet développe une information urbaine et multimodale dans des lignes de bus et de métro de la ville. Il  est dirigé en coordination avec des sociétés d’autobus, la Ville de Buenos Aires et le gouvernement fédéral (à travers une convention). Une carte des transports pour les non-voyants a notamment été produite, dans une approche que notre interlocuteur définit d’“angle mort” (partie inter-modale et accessibilité des handicapés peu investie). Selon lui, une ville intelligente est une ville qui s’occupe de l’interface entre les systèmes et les usagers. Il faut donc, ici comme ailleurs, faire en sorte que les acteurs soient mis dans les conditions de réfléchir à ces questions.

Nous relatons à Andrès notre rencontre avec certains acteurs de la mobilité à Buenos Aires, et lui demandons s’il considère, comme nous l’avons observé au fil de notre étude, que le secteur des transports et de la mobilité est celui qui a été le plus investi, sur lequel les efforts se sont concentrés, en comparaison par exemple avec le secteur de l’énergie ou celui de la gouvernance. Andrès confirme ce point de vue, mais nous explique que le processus est en réalité très contradictoire: il y a eu des mesures pour développer le vélo, favoriser la mobilité des piétons, améliorer le réseau de métro, mais d’un autre coté, il y a toujours des interventions lourdes, consommatrices d’énergie, et génératrice d’émissions. Il n’y a pas de cohérence dans les politiques portées. A titre d’exemple, il y a un projet de “RER” depuis quelques temps, mais aussi de construction d’autoroutes qui nécessitent, pour leur aménagement, de supprimer certaines voies ferrées. Il en est ainsi du projet de “Paseo del bajo”, qui est présenté comme un projet séduisant d’aménagement d’une route à plusieurs voies pour lier le sud au nord de la ville en longeant la cote. Les porteurs du projet au sein du gouvernement ne parlent pas d’ “autoroute” mais aux dires de notre interlocuteur, ce n’est rien d’autre.

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En réalité, ce projet est en débat depuis une quarantaine d’années. C’est l’AUSA, la société de gestion d’autoroutes de la ville de Buenos Aires (société anonyme dont la ville est actionnaire à 100%) qui avait commandé les études réalisées dans ce cadre. Voilà un premier problème! Si on laisse cette question dans les mains d’une société d’autoroute, ce n’est pas comme cela qu’on va rendre la ville intelligente.

Concernant les projets de métrobus et le développement des applications mobiles pour favoriser une mobilité plus intelligente, pour Andrès, ce ne sont pas vraiment des inventions. Notamment le métrobus, ce type d’aménagement routier existait déjà dans d’autres villes d’Amérique Latine, qui l’ont réalisé alors qu’elles n’avaient même pas de chemin de fer ni de métro (ce qui n’est pas le cas de Buenos Aires). Le cas de l’Avenida 9 de Julio est le plus emblématique. Les gens sont quand même plutôt contents des résultats et de la qualité du service. S’agissant des applications mobiles, certes tout le monde n’a pas de smartphone, il ne faut pas l’oublier, mais des efforts ont été faits pour développer le wifi partout dans la ville.

En réalité, selon Andrès, la question qui se pose est celle de la manière dont sont conclus les contrats de travaux publics. Il faut intégrer des choses alternatives pour améliorer la qualité des ouvrages que l’on propose. C’est aussi pour cela qu’il est nécessaire d’“ouvrir” à la participation. Mais ouvrir à la participation nécessite un processus participatif organisé du début à la fin du projet, dès les premières réflexions, et non pas quand on a déjà pris la décision (ce que fait le gouvernement). Il existe des initiatives prometteuses. Il en est ainsi de l’effort réalisé pour ouvrir les systèmes statistiques aux statistiques de genre. Grâce aux études réalisées dans ce cadre, on s’est rendu compte que la voiture individuelle était un mode de transport utilisé à 80% par des hommes.  Au Conseil de planification stratégique de Buenos Aires, la commission “Genre”, influencée notamment par un certain nombre d’associations actives qui poussaient leur agenda, développait ainsi des arguments pour favoriser une autre logique de mobilité. Donc l’effort a été fait de réfléchir collectivement à ces questions, mais ça n’a finalement pas aboutit car dans le processus d’adoption du projet, une autre logique est à l’oeuvre: les décisions sont prises secrètement et une fois la mesure adoptée, il n’est plus possible de contredire les arguments du gouvernement.

Pour Andrès, le problème de fond est donc celui du rôle que joue ou que doit jouer l’Etat. Il y a quelques années, il y eut une vague de privatisation massive des concessionnaires. Or, parallèlement n’ont pas été créées ou renforcées les institutions nécessaires de contrôle et de régulation de l’Etat. A Buenos Aires, il y a donc un vrai enjeu du mode d’intervention du gouvernement et des acteurs publics. A titre d’exemple, ces derniers ont récemment décidé la création d’une Société d’administration du foncier de la ville. Or, cette société s’est vue accorder le droit de vendre des terrains publics alors qu’il s’agit légalement d’une compétence du législatif. On assiste donc à une “fuite du droit public”. Qu’est ce qu’on fait de ce qui reste entre les mains du public? Il faut, selon Andrès, une gestion et une régulation plus intelligentes. La faiblesse de l’Etat de manière générale pose des problèmes, et il existe un risque de se faire complètement manoeuvrer par la forte dépendance aux grandes société du BTP et à l’influence des lobbies.

Sur la question de la mobilisation des technologies pour favoriser la participation citoyenne, Andrès reste sceptique. Selon lui, les nouvelles technologies sont une condition nécessaire, mais pas suffisante. Le problème, c’est qu’on ne profite pas assez de ces technologies. Il faut ouvrir d’avantage, améliorer la gestion, et surtout, avoir plus de contrôle. Par exemple, la délivrance des permis de construire est une procédure très opaque. Les acteurs politiques et privés ont trouvé un mécanisme d’exception qu’ils mobilisent de plus en plus souvent et rend les procédures complètement arbitraires. Face aux demandes des vecinos – demandes d’information, contestations… – le gouvernement devient radin avec les informations. De fait, les TIC sont un moyen, mais il faut aussi une volonté politique de les mobiliser intelligemment. Parallèlement, il faut se poser la question des libertés fondamentales (qui maîtrise l’information, jusqu’à quel point?).

Pour que Buenos Aires soit plus “intelligente”, aux dires d’Andrès, il faut donc renforcer son intelligence dans la prise de décision, mais aussi l’intelligence collective: ouvrir la participation à davantage d’acteurs, organiser cette participation, mobiliser la richesse des savoirs, des études, des connaissances et des technologies et autres outils disponibles. Ainsi, la Constitution de la ville elle-même consacre beaucoup de droits, et cela ouvre des champs possible de contentieux (ce qui gène d’ailleurs le gouvernement car cela ferait “obstacle” à l’efficacité de ses interventions). Un évènement symbolique de la tendance à la sous-utilisation des savoirs et outils est d’ailleurs l’anniversaire, cette semaine, de la “Nuit des longs bâtons” de 1966 mentionnée plus haut dans notre journal, et qui a déclenché une censure et l’expulsion des professeurs les plus qualifiés dans le monde universitaire. Cela a eut des conséquences fortes dans le pays. Pour ne pas glisser sur cette pente, il faut faire en sorte de profiter des connaissances que l’on déploie, les mobiliser de manière intelligente et transparente.

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Sur ces derniers mots, nous quittons Andrès, qui nous souhaite bonne chance pour la suite de nos projets. Après un passage à notre épicerie de quartier préférée, nous rentrons pour s’assurer des derniers préparatifs de Léa avant son départ et faire un dernier point sur la poursuite du travail. Malgré quelques soucis logistiques dûs aux grèves du personnel d’Air France qui viennent perturber ses plans pour son départ à Cuba, nous préparons notre dernière soirée commune. Au programme, bilan, retour d’expériences, et régal des papilles avec une dernière torta partagée, des empañadas, notre classique, et la découverte des petites douceurs typiques, des Alfajores aux deux chocolats. De quoi remplir l’estomac jusqu’aux prochaines aventures. Derniers abrazos avant que Léa ne monte dans le taxi qui l’amène à l’aéroport. Une page se tourne mais l’aventure continue. La suite bientôt!

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Se réapproprier les objets connectés et les outils numériques, pour une transition citoyenne vers la ville intelligente

 

La ville intelligente est souvent présentée comme un moyen de recréer une activité démocratique à l’échelle locale, d’améliorer les conditions de vie des citoyen.ne.s et de renouer les liens entre administration et administrés. C’est sur ces enjeux de citoyenneté, de démocratie et de transparence que s’appuie la communication politique autour de la stratégie de transition vers la smart city développée par Buenos Aires, raison pour laquelle nous l’avons choisi comme terrain d’étude.

Cependant, alors que nous sommes sur le terrain pour observer les effets de ces nouveaux outils numériques sur la métropole argentine et que nous rencontrons les différents acteurs concernés, il est intéressant de faire un état des lieux de la recherche et des débats publics autour des liens entre transition numérique et vie démocratique, ainsi que des initiatives mises en place alliant numérique et implication citoyenne.

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